Deux études analysent les enjeux, l’état et les pressions sur les ressources pédologiques.
Quasi simultanément, les sols font l’objet de deux publications à caractère environnemental. La première traite des enjeux liés au sols et les services rendus par ceux-ci, la seconde est un panorama d’indicateurs et de chiffres clés sur les sols et l’environnement.
Enjeux et services rendus par les sols
La première publication, réalisée par l’ADEME, fait le constat que la ressource pédologique est limitée, fragile et difficilement renouvelable : 200 millions d’années sont nécessaires pour former une hauteur de sol d’un centimètre.
On estime qu’actuellement, à l’échelle mondiale, 25 % des sols sont fortement dégradés ou subissent un taux élevé de dégradation et que 41 % des sols cultivés sont déjà dégradés. Chaque année, ce sont 12 millions d’hectares supplémentaires de sol qui sont perdus.
Ces dégradations se traduisent à leur tour par des phénomènes d’artificialisation (9 % sont déjà artificialisés en France et 54 000 ha l’ont été entre 2008 et 2014), d’érosion (18 % des sols français sont concernés), la perte de matière organique (45 % des sols européens ont un faible taux), la perte de biodiversité et des services rendus (épuration, transferts de contaminants), le tassement des sols (37 % des sols européens sont soumis à un risque de tassement élevé ou très élevé) ainsi que la salinisation du fait de la proximité de la mer (100 000 ha ont été perdus en France). Autres menaces à signaler : les phénomènes d’eutrophisation des sols, les changements d’usage de ceux-ci, la pollution locale, l’acidification et les contaminations diffuses.
Pourtant, les sols rendent de nombreux services à l’Homme : ressources alimentaires, habillement, chauffage, régulation et filtration des eaux, socle des paysages et des villes, histoire (fossiles, datations…). Il abrite de surcroît une grande diversité d’organismes vivants : un seul gramme de sol comprend environ 10 milliards de micro-organismes. Le sol a enfin un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique, certains types de sols (comme les prairies et les forêts) jouant le rôle de stocks de carbone.
La brochure fait également le point sur les moyens d’améliorer les sols, les protéger et préserver les services qu’ils rendent, dans les secteurs de l’agriculture et de la sylviculture, de la gestion des jardins publics ou privés, ou en matière d’urbanisme.
La dernière partie indique les actions que l’ADEME peut subventionner en vue de développer les connaissances et mettre en œuvre une gestion durable des sols dans les domaines suivants : pollutions des sols, épandage des déchets, surveillance de la qualité, atténuation du changement climatique, urbanisme durable, mise en sécurité des sols pollués, reconversion de friches polluées (en France, le gisement des sites potentiellement pollués en situation de renouvellement urbain est estimé à 100 000 ha).
Les sols et l’environnement en chiffres
La seconde publication, réalisée par le Commissariat général au développement durable (CGDD), en collaboration avec ses partenaires du Groupement d’intérêt scientifique sur les sols (Gis Sol), est un panorama d’indicateurs et de chiffres clés sur les sols et l’environnement.
Il fait le point sur :
– l’état des sols du point de vue de leur diversité, de leur fertilité, de leur biodiversité, ainsi que des métaux et micropolluants présents ;
– les pressions exercées : pressions agricoles (pesticides, fertilisation, pratiques culturales), la consommation de ressources (artificialisation, extractions, production agricole et forestière) et les pressions industrielles (sites et sols pollués, émissions de polluants dans les sols) ;
– les risques : pertes en terre (glissements de terrain, érosion hydrique, coulée d’eau boueuse, érosion éolienne, compactage des sols) et autres risques environnementaux (retrait-gonflement des argiles, radioactivité artificielle ou naturelle, émissions de protoxyde d’azote).
Remarque : une annexe aborde les programmes du GIS Sol, créé en 2001 pour constituer et gérer un système d’information sur les sols de France et répondre aux demandes des pouvoirs publics et de la société au niveau local et national.
Compte tenu de l’état actuel des connaissances, ces indicateurs ont été sélectionnés en fonction de leur pertinence et de l’éclairage qu’ils peuvent apporter aux enjeux dont les sols sont porteurs. Ainsi, ils revêtent des formes variées selon la nature de l’information : cartes à l’échelle nationale ou territoriale, séries de données.
En outre, ils ont été élaborés à partir de bases de données variées : administratives ou réglementaires, enquêtes de services statistiques ou d’unions professionnelles, programmes de recherche français ou européens.
Enfin, de par leur organisation et leur mise en perspective, ces indicateurs mettent en lumière les risques associés aux changements subis par les sols.
ADEME, Les sols portent notre avenir, coll. Connaître pour agir, nov. 2015