Engrais chimique versus compost
Face à la fertilisation chimique, les bénéfices du retour au sol des matières fertilisantes d’origine résiduaire sont nombreux grâce aux éléments nutritifs présents (azote, phosphore, potassium…). Mais en pratique, le recours au bon vieux compost est loin d’être systématique. « Pour un agriculteur, il est plus facile de fertiliser avec un engrais minéral que de raisonner la fertilité de fonds des sols avec des composts », précise Sabine Houot, directrice de recherche à l’INRA au sein de l’Unité Mixte ECOSYS (Écologie fonctionnelle et écotoxicologie des agroécosystèmes).
Compostage versus méthanisation
Des synergies se sont mises en place entre collectivités territoriales et agriculteurs pour récupérer et valoriser les gisements de déchets organiques. Mais le récent essor de la méthanisation en France pourrait bousculer le retour au sol des matières organiques et la fertilisation des sols. « Des sources de matière organique rapidement dégradables et disponibles vont disparaître si elles sont méthanisées, estime Sabine Houot. Se pose alors la question de la qualité de la vie biologique des sols. » D’où la nécessité de mieux valoriser les déchets organiques, aussi bien qualitativement que quantitativement. De nouvelles mesures pour traiter plus de biodéchets et le tri à la source, obligatoire en 2025 à tous les producteurs de déchets organiques, permettront d’augmenter le gisement.
Et l’enjeu n’est pas qu’agronomique. Les matières organiques du sol constituent le réservoir de carbone organique le plus important devant la biomasse des végétaux. Les pertes en matière organique contenue dans les sols remettent d’autant en cause leur rôle de puits de carbone.