L’alimentation s’invite à table !
Elle s’installe dans l’agenda. Elle est même appelée à faire l’agenda, comme en atteste l’engagement des plus jeunes pour l’ensemble des questions qu’elle véhicule.
D’abord nourrir une population en forte croissance
Avec une explosion démographique inédite et une population mondiale multipliée par dix en 250 ans, le spectre de la famine a logiquement marqué les deux derniers siècles et « imposé » l’obsession de l’approvisionnement et une concentration des efforts sur l’augmentation de la production et de la productivité. Nous avons oscillé en permanence entre coups de projecteur sur les crises liées à des guerres ou à des événements climatiques, et oublié la question alimentaire, déléguant alors les problèmes au secteur caritatif.
Pour autant, nous n’avons jamais aussi facilement mangé comme en attestent l’amélioration continue de l’espérance de vie, la baisse de la part du budget consacrée à l’alimentation ou encore la diversité des aliments auxquels nous accédons en toute saison.
L’alimentation et le développement durable
La question alimentaire revêt un nouveau visage au tournant du 21e siècle, profilé par l’émergence des questions environnementales globales et par les crises sanitaires. L’agriculture est ainsi pointée du doigt, étant en grande partie responsable des dérèglements climatiques, de la dégradation des écosystèmes, de l’érosion de la biodiversité et de la « malbouffe », faisant de l’alimentation le problème numéro 1 de santé publique.
L’alimentation se retrouve ainsi au cœur de l’ensemble des préoccupations liées au développement durable, qu’il s’agisse de justice sociale et de stabilité politique, de santé des écosystèmes, de changement climatique ou de santé humaine. En retour, elle apparaît comme l’un des leviers essentiels de la construction du monde d’après, en invitant à repenser un destin lié à celui du secteur agricole.
Le sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires
L’organisation en ce mois de septembre 2021 par l’ONU d’un sommet sur les systèmes alimentaires en atteste. Il s’agit d’un marqueur important du changement d’agenda. Le recours au terme de « systèmes alimentaires » traduit l’affirmation de la place centrale de l’alimentation au cœur de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Ce sommet ne sera certainement pas le grand jour. Le renoncement aux contraintes et l’expression probablement modeste des engagements seront décevants pour certains. Les controverses sont vives et bloquantes, celles liées par exemple à la place de l’animal, à l’appropriation du vivant… mais elles ne sauraient occulter l’intérêt du processus.
Un nouvel agenda qui mobilise pour l’avenir
Ce nouvel agenda doit conduire à un nouveau régime d’action ; un régime qui facilite les convergences entre transitions locales et globales, entre production de biens privés et de biens publics, en particulier via la reconfiguration des mécanismes de marché et de financement. Un agenda qui nous mobilise pour investir plus que jamais, y compris intellectuellement ! Un agenda qui, comme nous aurons l’occasion d’en débattre lors d’une séance publique de l’Académie le 13 octobre 2021, affirme le rôle et l’importance de la connaissance et de la science, pour saisir et traiter les désaccords, en accompagnement de dispositifs renouvelés d’action et pour imaginer les futurs possibles.
Patrick Caron, membre de l’Académie d’agriculture de France
> En savoir plus sur la prochaine séance sur les systèmes alimentaires
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Food is coming to the table!
It is taking its place on the agenda. It is even set to make the agenda, as shown by the commitment of young people to all the issues it raises.
First of all, feeding a rapidly growing population
With an unprecedented demographic explosion and a world population that has increased tenfold in 250 years, the spectre of famine has logically marked the last two centuries and ‘imposed’ an obsession with supply and a concentration of efforts on increasing production and productivity. We have oscillated constantly between focusing on crises linked to wars or climatic events and forgetting about the food issue, thus delegating the problems to the charitable sector.
However, we have never eaten so easily, as shown by the continuous improvement in life expectancy, the fall in the proportion of the budget devoted to food and the diversity of foods available in all seasons.
Food and sustainable development
The food issue is taking on a new face at the turn of the 21st century, shaped by the emergence of global environmental issues and health crises. Agriculture is being singled out as being largely responsible for climate change, ecosystem degradation, biodiversity erosion and ‘junk food’, making food the number one public health issue.
Food is thus at the heart of all the concerns linked to sustainable development, whether it be social justice and political stability, the health of ecosystems, climate change or human health. In return, it appears to be one of the essential levers for building the world of tomorrow, by inviting us to rethink a destiny linked to that of the agricultural sector.
The UN Summit on Food Systems
The organisation this September 2021 by the UN of a Summit on Food Systems attests to this. This is an important marker of the changing agenda. The use of the term “food systems” reflects the affirmation of the centrality of food to the 2030 Agenda for Sustainable Development. This summit will certainly not be the big day. The renunciation of constraints and the likely modest expression of commitments will be disappointing to some. The controversies are lively and blocking, those linked for example to the place of the animal, to the appropriation of living organisms… but they should not overshadow the interest of the process.
A new agenda that mobilises for the future
This new agenda must lead to a new regime of action; a regime that facilitates convergence between local and global transitions, between the production of private goods and public goods, in particular through the reconfiguration of market and financing mechanisms. An agenda that mobilises us to invest more than ever, including intellectually! An agenda which, as we will have the opportunity to discuss at a public session of the Academy on 13 October 2021, affirms the role and importance of knowledge and science, to grasp and deal with disagreements, to accompany renewed mechanisms for action and to imagine possible futures.
Patrick Caron, member of the French Academy of Agriculture
> More information on the next session about systèmes alimentaires
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