Une tribune sur la zone critique par Jérome Gaillardet et Nicolas Arnaud.
L’humanité se rassemble sur une fine pellicule de la planète qui va des sols à la basse atmosphère et inclut tout le vivant : un espace pour notre survie qui ne se laisse pas étudier si facilement.
Lire l’article sur Le Journal du CNRS., aussi publié dans Libération.
Les inondations de la Seine sont venues nous rappeler combien nous sommes fragiles face à la menace hydrologique et, avec elle, à l’érosion de nos terres, agricoles et industrielles, ou à la contamination de nos nappes phréatiques et de nos rivières. L’inquiétude environnementale n’est plus globale et abstraite, elle touche notre territoire et notre quotidien, avec un effet immédiat et tangible.
L’humanité se rassemble en réalité sur une mince pellicule de la planète qui va des roches fraîches situées à la base du sol jusqu’à la basse atmosphère, et inclut tout le vivant. Baptisée « zone critique » par les scientifiques, cette pellicule, très réactive, est interconnectée : l’eau, les gaz de l’atmosphère et les minéraux qui constituent les roches interagissent les uns avec les autres et façonnent cet environnement dans lequel nous évoluons.
Ce sont ces réactions physiques, chimiques et biologiques qui ont rendu la planète habitable : en réagissant avec les roches, le CO2 de l’air, un redoutable acide, est neutralisé sur les continents pour se retrouver dans l’océan sous forme de calcaire. Ces mécanismes ont sauvé la Terre en consommant le gaz carbonique de l’atmosphère primitive, lui évitant ainsi un effet de serre qui aurait fini par tuer les premières formes de vie.
[…]